Caca (ka-ka) n.m : Excrément, dans le langage des nourrices et des enfants. Il signifie figurément chose malpropre à ne pas toucher. Nerveux (nèr-veû) adj : Qui a rapport aux nerfs. Centre nerveux. Tissu nerveux. Affection, maladie nerveuse. NERVEUX se dit aussi d'une personne qui a les nerfs sensibles. Substantivement, Un nerveux, une nerveuse. Il s'emploie aussi pour désigner un État de nervosité passagère. L'inquiétude le rendait extrêmement nerveux.

Tuesday, April 11, 2006

Anti-conso et bien pensant


Un lien sur le blog de
Yenayer qui tombe a pic: un texte de deux philosophes Canadiens, J. Heath et A. Potter, titré “The Rebel Sell”, d’après le bouquin du même nom, et sous-titré : « Si on déteste tous le consumérisme, pourquoi ne peut-on pas arrêter d’acheter ? ». Un lien qui tombe à pic pour moi disais-je, car depuis quelque temps cette réflexion est le centre de pas mal de discussions avec certaines personnes de bonne compagnie, dont mon colocataire le Ponch Diplomatik, ce qui m’encourage à écrire un post sur la question.

L’idée est la suivante :
1. Le mode de vie consumériste qui est le notre aujourd’hui nécessite, pour être maintenu, que perdurent l’exploitation, la précarité, la faim, et même la guerre.
2. Tout en sachant cela, et même si je considère que je ne consomme pas d’une manière excessive, je suis incapable de renoncer totalement à la société de consommation (entre autre pour les raisons exposées dans l’article de Heath et Potter).
3. C’est inacceptable, à tel point que je préfère la plupart du temps faire comme si je n’en avais pas conscience.
4. Comme je ne suis finalement pas si sûr que ça de pouvoir y changer quelque chose, je ne fais la plupart du temps que me donner bonne conscience. J’adopte une attitude, un langage, une pseudo philosophie qui, pour ainsi dire jamais, n’aboutissent à des actes constructifs ou produisant un changement de ce que je dénonce, mais qui me permettent d’évoluer dans des cercles (réels ou virtuels) de gens du même avis que moi, mais pas plus que moi constructifs ou producteurs de changement.

Je voudrais pas balancer, mais en plus j’ai comme l’impression que je suis pas le seul. Et parfois je m’agace moi-même profondément. Comme par exemple :

Quand je me balade le dimanche avec sous le bras un journal « de gauche » qui s’accompagne d’un magnifique supplément en papier glacé sur lequel les images de guerre, de famine, de violence sont entrecoupées de publicités pour des parfums très très chers où les corps improbables de mannequins faméliques servent systématiquement d’argument de vente…
Quand j’argumente sur les raisons de ne jamais de ma vie manger au MacDonalds en me foutant éperdument de la vie tragique qu’à bien pu vivre le poulet dont les pattes atrophiées n’auront jamais servi qu’à une chose : pas à faire marcher le poulet, mais à me remplir l’estomac…
Quand je vote…
Quand je gueule après les sommes honteuses dépensées dans le sport professionnel entourés d’amis absolument d’accord avec moi juste avant d’être interrompu par l’apparition d’un réflexe moteur classique qui consiste à lever les bras en l’air en poussant des cris quand Ronaldinho envoie au fond des filets un morceau de cuir d’un quinzaine de centimètres de diamètre, justifiant ainsi qu’on verse sur son compte bancaire chaque mois assez d’argent pour, au choix, se payer une dizaine de voitures de sport, ou donner à bouffer à un pays africain pendant un bon bout de temps…
Quand, au lendemain de soirées où comme bien souvent on a rêvé d’un monde débarrassé des firmes multinationales, j’ai la gueule de bois à cause de boissons alcoolisées produites par des firmes multinationales et que je me la soigne en buvant des boissons gazeuses et sucrées produites par d’autres firmes multinationales. Le comble étant que bien souvent les mêmes firmes multinationales produisent les boissons qui accompagnent à la fois les nuits qui chantent et les lendemains qui déchantent (j’allais dire les nuits qui gueulent et les lendemains qui dégueulent mais je me suis auto-censuré, on est pas la pour déconner). Bref.

Enfin en gros je m’agace profondément car je me rends bien compte que je souffre du mal que décrivent Joseph Heath et Andrew Potter dans « The rebel Sell » : Un trouble bipolaire massif, à l’echelle de la société qui fait que, bien qu’on dénonce le consumérisme, on vit toujours dans une société de consommation. Malgré nous, on s’enferme dans une attitude paradoxale d’anti-consumériste bien-pensant.

Une des données du problème est que la société, à travers la publicité ou les médias, ou de manière moins visible, plus insidieuse, nous donne constamment les moyens de nous débarrasser de nos scrupules, de s’auto justifier dans notre consumérisme, de nous convaincre de l’utilité d’acheter les pires débilités. C’est un cliché, mais on sait que la clé, c’est de créer le besoin. Ce n’est pas un exemple très original, mais le téléphone portable est un cas d’école. Sa rapidité de développement en terme de couverture de marché est hallucinante. Au point qu’on se demande bien comment on pouvait vivre sans téléphone portable, avant, quand on pouvait encore aller au ciné sans entendre tout à coup la chevauchée des Walkyries surgir à plein volume du sac à main de notre voisine spectatrice, à l’époque ou les téléphones étaient tous pareils, gris, ne faisaient pas appareil photo, ni wap (je précise pour les non-initiés qui lisent ce blog que quand un téléphone fait wap, ça ne veut pas dire que sa sonnerie imite un aboiement, le wap c’est autre chose) mais je m’égare, je parlais des temps reculés où le combiné était encore relié au boîtier (portant le cadran) par un fil torsadé dont la tendance à s’emmêler en a rendu fous plus d’un. Oui, comment faisait-on ? Le téléphone portable c’est l’exemple type d’un produit qui s’impose comme nécessaire uniquement par le fait que tout le monde le possède. C’est quand même vachement fort, non ? Prenez la télévision, la cocotte minute ou le Rubicks-Cube : tout les foyers ont fini par les acheter par un effet d’entraînement subjectif, parce qu’on les trouvait respectivement divertissante, pratique ou cool-quoiqu’un-peu-prise-de-tête-à-la-longue. Dans le cas du portable, l’effet d’entraînement est objectif. On a réussi à nous convaincre que sans téléphone portable, t’es rien. Demandez autour de vous, ceux qui ont résisté (et j’en ai fait partie, comme tout consumériste bien-pensant) ont tous fini par capituler. Dans un cas comme celui-ci, l’anti-consumérisme est vain, on finit tous, ou on finira tous, par en acheter un, sans toutefois se sentir coupable, ou victime, de la société de consommation.
Mais il y a pire : en plus de nous déculpabiliser de consommer, la société de consommation a trouvé les moyens de nous culpabiliser quand on ne consomme pas. C’est ce que Heath et Potter décrivent dans l’article avec l’exemple des grosses voitures qui pullulent aux Etats-Unis : elle rendent les routes dangereuses, mais pour éviter ce danger -à ses enfants, l’argument fonctionne toujours- le père de famille moyen n’a pas d’autre choix que d’acheter à son tour une grosse voiture. L’exemple du téléphone portable fonctionne également : pour gagner le marché des mômes, on culpabilise les parents en leur expliquant que pouvoir joindre ou être joint par ses enfants à tout moment garantie leur sécurité. Vachement fort. Une fois de plus, l’anti-consumérisme ne pèse pas lourd devant les arguments de ce genre.


Alors on fait quoi ? La machine semble trop bien huilée, les moyens bien plus forts que nous. Alors plutôt que de lutter de front contre le consumérisme, d’essayer de donner des arguments contre la consommation qui trouveront toujours des contre arguments (culpabilisants ou déculpabilisants) on pourrait peut-être essayer autre chose. J’ai espoir qu’on puisse favoriser d’autres sources de satisfaction que la consommation. Favoriser la culture, l’art, les projets en commun, les associations, les loisirs non-consuméristes, tout ce qui favorise l’échange et démontre la stupidité de l’individualisme, corollaire de la consommation, c’est peut-être le plus beau cadeau qu’on peut faire à nos mômes, si on considère que c’est perdu pour nous.
Et puis ça a quand même plus de gueule qu’un téléphone portable au pied du sapin. Enfin je trouve.

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2 Comments:

Anonymous Anonymous said...

Interessant, suggestion :

Revenu garanti, coopératives municipales et monnaies locales
Par Jean Zin, mercredi 18 octobre 2006 à 12:28

http://jeanzin.fr/index.php?2006/10/18/68-revenu-garanti-cooperatives-municipales-et-monnaies-locales

1:20 AM

 
Anonymous Quidam anti-consumériste said...

La société de consommation impose une croissance infinie quand nos ressources ne le sont et la planète sensible à la pollution ainsi engendrée. Pareil système ne serait don(c) viable que grâce à un meilleur traitement des déchets, leur amoindrissement, leur recyclage plus efficients, et l'accès, inoffensif à l'environnement et, donc, à notre pérennité, à quantités phénoménales de ressources.
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L'un des effets insidieux de cette société tentaculaire, et qui lui permet de tous nous atteinde, est bien la culpabilité. N'oublions pas que le mode la sert particulièrement bien, puisqu'il faut être attrayant c'est-à-dire ressembler à l'idéal qui prévaut, mince renouvelant sans cesse sa garde-robe, à la pointe de la techno accessoiriste, "bien" coiffé.e , jeune, et la peaue, blanche de préférence, sans "imperfections". La nouvelle humanité, l'humanité d'aujourd'hui je veux dire : une armée de poupées.
Il faut s'accepter plus corps qu'esprit, il n'est alors nul équilibre. Le savoir n'est qu'une option qui sert la séduction de l'autre. Oui, ici tout est séduction.
Ainsi rajeuni.e, déridé.e, fardé.e, déguisé.e, imberbe, aminci.e, quel modèle veut-on atteindre ? Celui que l'on nous impose, oui mais pourquoi ? et quel est-il ? -Mais celui de l'enfant, ou du moins de son stéréotype ! Eux, prépubères, ne connaissent, "normalement", ni la graisse, ni les poils, ni les rides, irréfléchi.e.s, aiment à s'amuser de tout, obéissent, et le savoir ne leur est que le moyen de la récompense. Dites leur "ceci est bien, ceci mauvais" ils hôcheront de la tête.
Mais ces enfants, le modèle dont je parle, ne sont pas exactement ce qu'ils furent ou pourraient être, seulement le résultat de la société de consommation, qui les espèrent à jamais semblables à l'état de l'aube de leur existence.
Voilà: la société de consommation nous veut à jamais enfants, infantilisés !

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Salut !

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NB: kel fotes d'aurtograf ?

4:41 AM

 

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