Guerre, mensonges et vidéo

Alors quoi, la guerre ce serait moche, violent, sale, écoeurant ? Il y aurait des morts ? Quoi ? Du côté des civils aussi ? Et puis des gens torturés, mutilés, traumatisés, brûlés, écorchés, violentés, violés, massacrés, humiliés, ruinés, dépouillés, battus à mort, réduits à rien, traités comme rien, tués comme rien ?
A l’annonce de cette vidéo montrant des soldats anglais se livrant à des « sévices » sur des civils irakiens, l’opinion internationale (qui se réfère bien entendu à l'opinion occidentale) semble de réveiller une fois de plus et se rendre compte que la guerre c’est pas virtuel, c’est bien réel, et que ceux qui la font comme ceux qui la subissent, sont des hommes comme nous tous, ou tout au moins l’étaient avant la guerre, avant qu’on leur vole leur humanité. On s’étonne de ces images, on prend tout à coup l’air offusqué, comme si tout ce qu’on faisait en Irak depuis le début de cette guerre absurde était acceptable, mais que « Non, alors là, non ! c’est pas du jeu ! ». Qu’est-ce qui gêne le plus, finalement dans tout ça ? Que cela existe, ou qu’on nous le montre ? Que ça arrive tous les jours, les horreurs, ça ne nous dérange pas tant que ça, finalement. Mais qu’on nous les montre, qu’on nous oblige à ouvrir les yeux, et alors on prend un air dégoûté. Si au moins cela pouvait servir à foutre un terme définitif à cette absurdité…
Mais Blair continue à dire que les petits gars font du bon travail là bas, Aznar – de qui personne n’avait pourtant demandé l’avis - continue à justifier le conflit, et Bush suit bien entendu une ligne directrice selon laquelle il est inconcevable de se remettre en question.
Combien de temps cette guerre peut-elle encore durer ? Combien de vidéos il va encore falloir, et avec quel contenu ? J’ai vécu de relativement près les attentas du 11 Mars à la gare d’Atocha. J’ai vu la gueule que peut avoir une ville quand elle se réveille à la suite de ça. Des 11 Mars, Bagdad en voit du 1er Janvier au 31 Décembre. Seulement on nous a bien enseigné, patiemment, que toutes les vies n’ont pas le même prix, pas le même poids, pas la même valeur. Ici on donne à un tel attentat son véritable sens, dans toute l’horreur que cela peut représenter, mais là-bas, ça fait simplement partie du « climat d’insécurité ». Il serait temps de se rendre compte de ça, pour ne pas, un de ces jours si ce n’est déjà fait, finir par s’en foutre complètement…