Caca (ka-ka) n.m : Excrément, dans le langage des nourrices et des enfants. Il signifie figurément chose malpropre à ne pas toucher. Nerveux (nèr-veû) adj : Qui a rapport aux nerfs. Centre nerveux. Tissu nerveux. Affection, maladie nerveuse. NERVEUX se dit aussi d'une personne qui a les nerfs sensibles. Substantivement, Un nerveux, une nerveuse. Il s'emploie aussi pour désigner un État de nervosité passagère. L'inquiétude le rendait extrêmement nerveux.

Thursday, July 24, 2008

Tell me why I don't like mondays

Tout le monde s’en fout, mais j’aime beaucoup Chostakovitch (Russie, 1906-1975 ; oui j’avoue : je l’ai wikipédié).

Je relis la phrase du dessus et je me dis que telle quelle, elle ferait un très bon post. Mais ce n’était pas le but au départ. Alors Pouf-pouf, je reprends :

Tout le monde s’en fout, mais j’aime beaucoup Chostakovitch. Il n’y a qu’une seule pièce que je ne supporte plus, c’est une valse qui fait partie de la suite Jazz, et qu’une publicité pour une marque d’assurance a rendue célèbre. Si cette valse me donne des boutons, c’est pour une raison très simple.

Au temps où je vivais (si on peut dire) en Angleterre, il m’arrivait de venir me ressourcer quelques temps chez moi quand j’en avais trop ras-le-bol. L’idée étant de prolonger au maximum ces escapades salutaires, je prenais en général le ferry de nuit, le dimanche soir, pour traverser la Manche dans le mauvais sens quand les petites vacances étaient finies. Je le jure : j’ai connu ces soirs là l’angoisse du marin qui part pour six mois pêcher en haute mer en laissant sur le quai ceux qu’il aime. A chaque fois je me suis demandé pourquoi bon dieu il fallait donc que j’embarque. A chaque fois j’ai eu le mal de mer bien avant de poser le pied sur la passerelle. Jusqu’au soir ou j’ai déserté, où je n’ai pas embarqué, où dans les bras de mon père j’ai dit dans un sanglot :

- Cette fois-ci je n’y vais pas !
- Mais non, bien sûr, cette fois tu n’iras pas...

Mais avant ce dimanche soir là, il y eut des tas de dimanches soir où j’embarquais la tête basse et à-reculons à bord du Mont Saint Michel ou du Reine Mathilde vers l’absurdité la plus totale. Sujet au mal de mer (mon petit bout d'Espagne en est témoin, il m’est même arrivé de le ressentir sur un matelas gonflable, dans une piscine), je prenais toujours la précaution de réserver une cabine où je pouvais m’allonger et dormir quelques heures pendant la traversée. Une demi-heure avant l’arrivée sur les côtes anglaises, la compagnie maritime avait la délicate attention de faire sonner un réveil dans chaque cabine pour nous laisser le temps d’ouvrir les yeux avant de débarquer. Et la musique qu’ils avaient choisie, et qui n’a jamais changé pendant toute cette période, c’était la petite valse de la suite Jazz de Chostakovitch, et qu’une publicité pour une compagnie d’assurance avait rendue célèbre. C’était de nouveau lundi, j’étais seul, j’avais dormi quatre heures, je devais prendre le premier train du matin pour aller au boulot où m’attendait le gris d’une autre semaine, encore une autre semaine…

Les dimanches soir où je n’embarquais pas pour six mois de service, il m’arrivait souvent, accompagné de quelques gens formidables que je ne remercierai jamais assez d’avoir simplement existé, d’aller dans un pub appelé « The Talking Heads » où étaient organisé, ces soirs là, un « open mic », une soirée où chacun pouvait monter sur la scène pendant 15 minutes pour chanter quelque chose (j’ai fait), lire un poême (pas fait), jongler (j’ai fait), ou faire n’importe quoi (j’ai fait aussi). Ces soirées étaient connues sous le nom de « Candle club », car les organisateurs installaient partout dans la salle des chandelles dont la cire de toutes les couleurs dégoulinait petit à petit sur les tables. C’était du plus bel effet.

On a vu des tas de choses au candle club, du pire au meilleur, on a beaucoup ri et on buvait en général beaucoup de bière, ce qui n’étonnera personne. Les participants et leurs mini-spectacles changeaient chaque semaine, à l’exception d’un type, présent chaque semaine. Ce mec était la caricature du punk anglais, avait une quarantaine d’années, et si je suis incapable de me souvenir de son prénom aujourd’hui, je me souviens des histoires qui se murmuraient sur lui, d’un squat qu’il aurait monté à Londres en 77 ou de sa supposée rencontre avec Joe Strummer. Autant de légendes urbaines qui n’ont probablement aucun fondement (pardon au Punk anonyme du dimanche soir si je me trompe) mais qui avaient pour effet de faire monter la tension. Il avait une guitare auto-amplifiée. C'est-à-dire que l’ampli se trouvait dans le corps de la guitare. Le son de cet instrument ferait donc bien entendu vomir une chèvre, mais ce type de guitare est une merveille pour ceux qui l’utilisent pour faire la manche dans la rue. Ca lui donnait un côté encore plus roots et nous aurait presque fait douter de l’inexactitude des rumeurs sur son compte. Il était toujours le dernier à jouer (ce qui lui laissait le temps de vider quelques pintes), se tenant debout, bien droit sur la scène, et crachait au public, dans ces dimanches soirs anglais, à l’approche de l’heure fatidique de la fermeture du pub, une version magnifique de Tell me why I don’t like Mondays des Boomtown Rats, reprise en chœur par le pub entier, et dont le souvenir me donne encore la chair de poule. Ce fameux sens anglais de l’autodérision et de l’ironie tient tout entier dans cette image d’un punk braillant cette chanson au milieu du pub qui fait les chœurs, à quelques minutes de fermer.
La chanson finie, le silence se faisait, la cloche annonçait la fermeture du pub, on éteignait les chandelles une à une, et tout le monde sortait du pub, avec dans le ventre l’équivalent d’un tonneau de bière tiède et plate, rentrant chacun chez nous, où le lendemain matin nous attendait le gris d’une autre semaine, encore une autre semaine…

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Tuesday, July 22, 2008

Bric à brac de rattrapage

Deux mois de silence sur ce blog. C'est la première fois que ça arrive. Jusqu'à maintenant je mettais un point d'honneur à ce que la petite liste sur le côté du blog ait au moins une entrée par mois. Maintenant je pourrais traffiquer l'horloge du blog pour mettre deux entrées pour les deux mois précédents, mais ce ne serait qu'un petit tour de magie, et pas une vraie machine à remonter le temps, qui est la seule machine dont l'invention vaille vraiment la peine, alors à quoi bon?
Les sujets ne manquent pas pourtant, pour gribouiller de nouveau sur cette page. J'avais un post en péparation sur quelqu'un qui m'est cher mais je n'en finis pas d'en finir. J'aurais aimé aussi parler de mon départ de Madcity et mon retour sur le plancher des vaches, qui sont deux événements qui concordent dans le temps et dans l'intensité, mais je ne trouve pas les mots, ou je ne trouve pas le temps, ou je ne trouve pas tout court. J'aurais aimé parler de ceux que je ne reverrai peut-être plus, de ce que je ne serai plus, de mes dificulté à me décider sur la pertinence et l'utilité d'une vrai machine à remonter le temps. J'aurais aimé parler de l'épicier africain et du patron de bar en bas de l'appartement que je n'habiterai plus, des photos que je voulais prendre avec eux et que je n'ai pas prises, des adieux en bonne et due forme que je ne leur ai pas fait. J'aurai aimé parlé de tout ce qui est nouveau ici, et de si ça fait peur et de si ça rend heureux, de combien c'est gigantesque, de combien je me sens petit, de combien je me sens grand, aussi.

J'aurais aimé commenter un peu le blog d'une amie dont l'écriture me séduit et m'émeut chaque jour un peu plus et qui m'a fait penser que l'important n'est pas ce qu'on dit, mais la sincérité avec laquelle on le dit et puis le rythme, la petit musique, là, tu sais?

J'aurais aimé en parlant de musique et pendant que j'y suis vous faire partager mon enthousiasme pour un gârs d'chez nous, Gablé, qui a fait un nouveau disque "seven guitars and a cloud of milk". Ce disque réunit tout ce que j'aime de bricolage, d'humour, de finesse, d'invention. Ses concerts sont ludiques, experimentaux, incroyables. Il était dans la boutique où j'ai acheté son disque et moi je me suis contenté de sourire bêtement quand il m'a dit "trés bon choix!" en me voyant prendre le CD sur le rayon, alors qu' il y a quelques années on avait parlé longtemps après un de ses concerts, même si lui ne s'en souvient peut-être pas. En sortant du magasin, j'ai eu cette sensation désagréable qui surgit quand après être resté muet dans une situation où l'on sait qu'on aurait du parler, les phrases idéales et percutantes vous viennent tout à coup à l'esprit.

Un peu comme aujourd'hui, en fait.

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