La chronique du mange disque : Profétie d'un naufrage (Rum, Sodomy and the Lash - The Pogues - 1985)
Ce disque fête ses vingt ans (sortie en août 1985). Au même moment, les Smiths étaient en studio pour enregistrer leur chef d'oeuvre (The queen is dead), et The Cure sortaient un single qui allait changer ma vie (Inbetween days). Avec un recul plus que suffisant, on voit aujourd'hui un album caractéristique d'un groupe au sommet de son art, qui domine totalement un style qu'il a lui-même créé. La production d'Elvis Costello, plus connu à l'époque pour son travail de songwriter que de producteur, est impeccable, dépouillée, sans frioriture.
On ouvre sur "The sickbed of Cuchullain", qui résume bien où sont les Pogues : juste à mi-chemin entre la tradition de la musique irlandaise et la musique anglo-saxonne des années 80. Les premiers mots prononcés par Shane MacGowan résument aussi tout à fait le personnage, et le poète du XXe siècle ("McCormack and Richard Tauber are singing by the bed / There's a punch below your feet and an angel at your head / There's devils on each side of you with bottles in their hands / You need one more drop of poison and you'll dream of foreign lands"). Les petits bijoux se succèdent ensuite ("A pair of brown eyes" - "Sally McLeenan") jusqu'au (trop?) fameux Dirty old town, chanson qui donne l'illusion à chacun (et parfois même à des anglais) de connaître tout à coup la musique irlandaise, puis se termine par le superbe "And the Band Played Waltzing Mathilda", lui aussi les pieds plantés dans la tradition irlandaise, mais la tête là haut, dans la pop-music des années 80. La réédition en CD nous offre quatre Bonus Tracks, dont deux grandes chansons, Body of an american et surtout une version d'un chanson qui pour moi reste une des meilleures : Rainy night in Soho.
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